le salaire du pasteur est ce biblique

Par le Pasteur Sam Hyacinthe
Église Parole&Grâce , 14 place des terrasses de l’Agora, 91000 Evry (France)

SALAIRE DU PASTEUR : EST-CE BIBLIQUE ?

I/-LE SALAIRE DU PASTEUR FAIT-IL OBSTACLE A L’ÉVANGILE ?

D’après l’esprit biblique, il est interdit à quiconque de retenir le salaire d’un ouvrier. Ainsi, toute personne œuvrant en un endroit précis acquiert des droits qui sont directement le fruit de son travail en ce lieu. Et le pasteur travaillant dans l’Église corps du Christ fait-il exception à cette règle en tant qu’ouvrier du Seigneur ?

Rechercher l’excellence et le sacrifice en renonçant à tous ses droits est une possibilité qui s’offre à tout travailleur, y compris aux serviteurs de Dieu. Chacun peut donc par exemple avoir comme modèle Jean-Baptiste et renoncer à tout chose. En effet, il pourrait ne pas avoir de maison ni en louer une, dormir hors de la ville dans un endroit isolé, ne pas s’habiller comme tout le monde, ne pas se marier, ne pas avoir d’enfant, ne jamais faire ses courses dans un supermarché, ne manger que des sauterelles, ou encore ne pas travailler pour le monde. En effet, même un supermarché est sous la coupe du diable, car les méthodes et les pratiques de ces enseignes sont connues pour être contraires à l’esprit de la Bible.
Nous avons là une sanctification d’un degré suprême, une véritable mise à part, un renoncement quasi-total, afin de n’amasser que des trésors dans le ciel.
A un niveau également élevé, mais un peu moindre, l’apôtre Paul avait également renoncé à nombre de ses droits en tant qu’ouvrier de la moisson. En effet, il avait, entre autres, renoncé au droit qui ne lui était pas interdit d’avoir avec lui une épouse prise parmi les chrétiennes, et considéra, à une époque, qu’il devait travailler pour subvenir lui-même à ses besoins :

Nous n’avons mangé gratuitement le pain de personne ; mais dans le labeur et dans la peine, nous avons travaillé nuit et jour pour n’être à charge à aucun de vous. Ce n’est pas que nous n’en ayant le droit, mais nous avons voulu vous donner en nous-même un modèle à imiter.2 Thessaloniciens 3: 8-9.

Aux corinthiens, il avait écrit :

Si d’autres jouissent de ce droit sur vous, n’est-ce pas plutôt à nous d’en jouir ? Mais nous n’avons pas usé de ce droit ; au contraire, nous supportons tout, afin de ne pas créer d’obstacle à l’Évangile de Christ.1 Corinthiens 9 : 12.

En parlant de « ce droit », l’apôtre fait allusion au droit de vivre de l’Evangile en tant que serviteur de l’Évangile. Il dit y avoir renoncé, non pas parce que la parole de Dieu l’y obligeait, mais seulement afin de ne pas faire obstacle à l’Évangile qu’il enseignait.
Sa démarche est sage et louable. Mais cela veut-il dire que chaque fois que le pasteur accepte un salaire de la part de l’assemblée, il fait obstacle à l’Évangile de Christ ? La réponse est clairement non, et ce pour deux raisons simples :

– La première réponse vient du verset 14: De même aussi le Seigneur a établi comme règle que ceux qui annoncent l’Évangile vivent de l’Évangile.

Jésus-Christ lui-même a mis en place cette règle. En tant que Seigneur des Seigneurs, pouvait-il établir une telle règle si à chaque fois qu’elle s’appliquait elle faisait obstacle à sa propre Parole ? Quel raté de la part du Fils de Dieu ! Il met en place une règle impossible à appliquer ! Bien évidemment, personne ne peut croire une chose pareille. Conclusion, ce n’est pas possible que la règle établie par le Seigneur soit automatiquement un boulet pour son propre Évangile.

– La seconde réponse se fait par une question : pourquoi alors Paul renonce t-il à ce droit afin de ne pas faire obstacle à l’Évangile ?
Ce n’est pas que l’Évangile s’affaiblit à cause de cette règle, non. C’est parce que les esprits faibles, les chrétiens non affermis, ou ceux qui voient d’un mauvais œil que le pasteur soit rémunéré alors que eux travaillent s’agitent, s’attristent, créent des polémiques, et d’autres jalousent le serviteur. Dans une atmosphère pareille, le prédicateur aura du mal à faire passer l’Évangile, car les frères et sœurs troublés ne seront pas très réceptifs. La parole passera donc mal, et ce sera un obstacle. Or ce qui est le plus important entre le salaire du pasteur et le fait d’enseigner, c’est le fait d’enseigner. Ainsi, chaque fois que la situation est difficile dans une assemblée, à cause des frères qui ne comprennent pas que l’ouvrier mérite son salaire ou à cause du fait que l’argent ne rentre pas assez dans les caisses, le pasteur ne doit pas s’entêter à exiger une rémunération. En effet, ce droit est une règle, et non un obligation. Il peut donc y renoncer. Par contre si l’assemblée est enseignée et que l’Église est prospère, la règle est aisément applicable.

Les renoncements de Paul et de Barnabas sont louables. Ces hommes constituent des exemples que chaque serviteur peut suivre. Pourtant, ce ne sont pas des commandements de Dieu.

II/- LE RENONCEMENT DE PAUL N’ANNULE PAS LE DROIT DES AUTRES

Alors que Paul et Barnabas ont renoncé à prendre une sœur pour épouse, et à se faire entretenir par les assemblées chrétiennes, nous apprenons que l’apôtre Pierre et les autres serviteurs de Christ, n’avaient nullement renoncé à cela :

N’avons-nous pas le droit d’emmener avec nous une sœur qui soit notre femme, comme le font les autres apôtres, et les frères du Seigneur, et Céphas, ou bien est-ce moi seul et Barnabas nous n’avons pas le droit de ne pas travailler ? 1 Corinthiens 9: 5-6.

Bien évidemment, Céphas est l’autre nom de Pierre. Quant aux frères du Seigneur, il s’agit des apôtres Jacques et de Jude.
La question que nous pouvons alors nous poser est la suivante : Pierre, Jacques et Jude, parce qu’ils n’ont pas renoncé au droit de prendre une sœur pour femme sont-ils des faux apôtres ou des abominables ? Il semble également clair que Pierre et les autres apôtres ne travaillaient pas, mais que Paul et Barnabas eux travaillaient. Devons-nous en conclure que ceux qui se faisaient entretenir par l’Église étaient des voleurs ou des escrocs ?

Paul lui-même laisse entendre qu’il n’est pas possible que tous aient ce droit, et que lui et Barnabas ne l’aient pas. Cela revient à dire qu’il estime qu’il en avait aussi le droit. Car il poursuit :

Qui donc sert dans une armée à ses propres frais ? Qui plante une vigne et n’en mange pas le fruit ? Qui fait paître un troupeau et ne se nourrit pas du lait du troupeau ? Est-ce en homme que je parle ainsi ? La loi aussi ne le dit-elle pas ? Car il est écrit dans la loi de Moïse : Tu n’emmuselleras pas le bœuf quand il foule le grain. Dieu se met-il en peine des bœufs, ou parle t-il uniquement à cause de nous ? Oui, c’est à cause ne nous que cela fut écrit ; celui qui laboure doit labourer avec espérance, et celui qui foule le grain, fouler avec l’espérance d’y avoir part. Si nous avons semer pour vous les biens spirituels, est-ce excessif que nous moissonnions vos biens matériels ? 1 Corinthiens 9 : 7-11.

Faut-il encore chercher à minimiser l’importance de ces propos ? Paul établit dans ce chapitre 9 une vérité que nul ne peut contester sans tordre la parole révélée par l’Esprit : le pasteur qui travaille dans l’Église corps du Christ a le droit de recevoir un salaire.

Le fait pour Paul et Barnabas d’y renoncer montre une voie que quiconque s’estimant capable peut suivre. Mais ce positionnement de quelques hommes, si grands soient-ils, ne peut pas annuler le droit des autres. Car si un droit est établit dans le but qu’au final tous y renoncent, alors celui qui l’a établit a parlé pour rien, et a perdu son temps pour mettre ces lois en place. Or le Seigneur ne parle pas pour rien.
Dans les pays où cela existe, les allocations familiales sont faits pour tous ceux qui ont des enfants. Pourtant, quelques uns, s’ils le désirent, peuvent parfaitement y renoncer, et c’est leur liberté. Mais les droits familiaux des autres disparaîtront-ils parce que quelques uns auront renoncé à percevoir les leurs ? La réponse est non. Voilà pourquoi Paul, sachant cette vérité, n’a pas fait de son renoncement une règle que tous les serviteurs doivent obligatoirement suivre.

Un soldat sert-il dans une armée en achetant lui-même ses chaussures, sa tenue et sa nourriture ? Quand un serviteur de Dieu écrit un livre, cela lui prend beaucoup de temps et de souffrance. Mais il le fait pour faire avancer l’Évangile, même s’il arrive que parfois il rate son affaire. L’auteur chrétien ne sème t-il pas alors pour les biens spirituels des frères et sœurs ? Pourquoi serait-il un être abominable parce qu’il demande aux frères et sœurs d’acheter son livre ? A t-on à l’époque reproché aux apôtres qui ne travaillaient pas de vendre l’Évangile ? N’achetons-nous pas certaines Bibles à des prix parfois élevés ? Pourquoi achetons-nous l’esprit apaisé les choses du monde, et cherchons des polémiques lorsqu’il s’agit de ce qui nourrit notre esprit ?

Celui qui utilise ses fonds, prépare un livre et le publie gratuitement est certainement meilleur que celui qui le vend. Mais celui qui le vend ne pèche pas et peut valablement se réclamer de la règle instituée par Christ.

III/- PAUL N’A PAS TOUJOURS REFUSE L’AIDE MATÉRIELLE DES ÉGLISES

Et comment pouvait-il en être autrement ? Aucune loi de l’obligeait à refuser systématiquement tout salaire ou aide venant des frères et des sœurs, et il le savait. D’ailleurs, Jésus-Christ refusait-il l’aide que les femmes et les hommes lui apportait, à lui et à ses disciples ? Juda ne tenait-il pas la bourse de groupe ? A ce que la Bible nous rapporte, personne parmi eux ne travaillait quand le Christ était avec eux. Comment se nourrissaient-ils ?

Biens-aimés, que le désir de voir les pasteurs escrocs privés d’or ou d’une quelconque rémunération pour leur service dans l’Eglise ne nous fasse pas oublier de rechercher en même temps la « vérité véritable ». Car si nous rejetant tout, nous faisons triompher ces faux pasteurs amis de l’argent des autres, puisqu’ils réussissent à nous pousser, au point de nous faire rejeter même ce qui est écrit et qui est conforme à l’Esprit de Dieu.
Puisqu’il est souvent fait référence à Paul au sujet du renoncement concret de prendre de l’argent ou de la nourriture auprès des frères et sœurs, faisons également référence à ce même Paul au sujet de l’affirmation par lui-même du fait qu’il a accepté parfois d’être nourri grâce à l’Évangile qu’il prêchait:
Phillipiens 4 : 15-18 : Vous le savez vous-mêmes, philippiens, au commencement de la prédication de l’Évangile, quand j’ai quitté la Macédoine, aucune Église, si ce n’est la vôtre, n’entra en compte avec moi pour ce qu’elle donnait et recevait; vous avez été les seuls à le faire, car à Thessalonique déjà, et à deux reprises, vous m’avez envoyé de quoi pourvoir à mes besoins. Ce n’est pas que je recherche le don ; ce que je recherche, c’est le fruit abandon porté à votre compte. J’ai tout reçu de vous et je suis dans l’abondance ; je suis comblé, ayant reçu par Epaphrodite ce qui vient de vous comme un parfum de bonne odeur, un sacrifice que Dieu accepte et qui lui est agréable.

Ce qui fait souvent obstacle à la connaissance ce n’est pas le mensonge ou la fausse doctrine, mais la conviction de chacun d’être dans la vérité et de refuser toujours d’accepter même après démonstration bible à l’appui qu’ils se sont trompés dans leurs convictions.

Si tel n’est pas le cas pour vous, alors vous comprenez que Paul n’a pas toujours été contre le fait de recevoir un salaire ou de l’aide de la part des églises.

– Aucune église, dit Paul, n’entra en compte avec moi pour ce qu’elle donnait et recevait ; vous avez été les seuls à le faire…

Comprenez-vous seulement ce que Paul veut dire quand il dit que l’église de Philippes est « entré en compte avec moi pour ce qu’elle donnait et recevait » ?
Celui qui donnait c’était Paul. En effet, il leur enseignait l’Évangile, donnait la parole de vie à ceux qui ne la connaissaient pas. Et ceux qui la recevaient c’étaient donc les chrétiens de la ville de Phillipes. En échange de cela, et sans qu’on le leur impose, le fruit de sa semence. Voilà pourquoi Paul parle de comptabilité, car comme tous le monde le sait, un tableau comptable comprend d’un côté un actif et de l’autre un passif. L’actif c’est ce que les chrétiens recevaient de l’enseignant, et le passif, c’est-à-dire la dette, ce qu’ils « devaient » à Paul et qu’ils lui restituaient sous forme de biens. Ainsi, la mesure de ce que les gens recevaient comme enseignement était rendu sous forme de biens matériels. Ils acceptaient de tenir cette « comptabilité » en rémunérant Paul de ce qu’il leur donnait, à savoir l’Évangile.

– Il rappelle aussi que quand il était à Thessalonique ces mêmes chrétiens de la ville de Philippes lui ont, à deux reprises, apporté de quoi subvenir à ses besoins.
Si les philippiens l’ont fait à plusieurs reprises, croyez-vous que, tout au long de la vie de Paul, aucune autre église ne s’est occupé de lui ?

Le refus de Paul de se faire en quelques sortes entretenir par l’Eglise de Corinthes se justifie par le fait que les gens dans cette église aimaient les querelles, étaient orgueilleux, « idolâtraient » certains Paul, d’autres Apollos ou Pierre, qu’ils exerçaient mal leurs donc spirituels, ne respectaient pas la sainte cène ; bref, autant de soucis et d’instabilité spirituels qui ont poussé Paul à ne pas venir en plus demander un salaire auprès d’eux, car il savait que cela déclencherait une polémique de plus chez eux. C’est pourquoi il prend quand même le soin de rappeler qu’il avait le droit de vivre de l’Évangile, même s’il refusait de prendre de l’argent venant d’eux.

Relisez ce verset, et méditez-le. Il n’est pas difficile à comprendre. Paul a été entretenu, et ce n’est pas une abomination.

VI/- QU’EN EST-IL DE LA RECOMMANDATION DE
DONNER GRATUITEMENT ?

Cette règle a été donnée par Jésus à ses disciples. Nous pouvons la retrouver dans l’évangile de Matthieu :

Matthieu 10 : 7-8: En chemin, prêchez que le royaume des cieux est proche. Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons. Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement.

Ce passage est prisé par les frères et sœurs qui ne veulent pas entendre parler d’un serviteur de Dieu rémunéré dans son travail pour l’avancement de l’Évangile. Ils espèrent ainsi paraître plus saints que les autres, mais oublient que Pierre, Jacques, Jude, et bien d’autres encore, sans bien sûr et là nous sommes d’accord, dépouiller le peuple, étaient dignes de recevoir des biens de la part des frères, et ne s’en sont pas privés.

Extrait de son contexte, on essaye donner à ce texte une universalité qu’il n’a pas. Pourquoi le disons-nous ?

Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement ? A première vue, cela veut dire que celui qui annonce l’Évangile ne doit pas, non plus, recevoir une quelconque rémunération. C’est l’explication que certains lui donnent. Si cet verset doit être compris sous cet angle, alors une conclusion doit s’imposer : Jésus-Christ n’est pas Fils de Dieu, car il se contredit. Il dit une chose ( l’ouvrier mérite son salaire) et son contraire ( donnez gratuitement ).
S’il faut analyser ce passage de cette façon, sans le remettre dans son contexte historique et spirituel du moment, nous voyons ce que nous faisons de Jésus, sans même nous en rendre compte. Nous en faisons un homme avec une parole versatile, c’est-à-dire qui change.
Le même jour, au même moment, Jésus-Christ a aussi dit ceci aux mêmes disciples : n’allez pas vers les païens, et n’entrez pas dans les villes des samaritains ; allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d’Israël. Verset 6.

Puisqu’on nous dit qu’il faut prendre au pied de la lettre ce que disent les écritures, eh bien concluons : nous avons le droit de prêcher l’Évangile uniquement aux brebis perdues d’Israël, et pas aux peuples du reste du monde, puisque Jésus-Christ lui-même le dit. En effet, il le dit dans ce passage, n’est-ce pas ? Alors, allons-nous agir ainsi ? Bien sûr que non.
Vous voyez que nous ne pouvons pas isoler un passage du reste de l’Évangile et lui donner une importance démesurée. C’est une voie d’erreur.
Jésus-Christ parle ainsi aux disciples parce que ce sont d’abord les « enfants », c’est-à-dire le peuple d’Israël, qui devait d’abord recevoir l’Évangile et la guérison, avant que cela ne devienne possible pour les autres. Voilà pourquoi il avait dit à la femme grecque d’origine syro-phénicienne : Laisse d’abord les enfants se rassasier; car il n’est pas bien de prendre le pains des enfants et de le jeter aux petits chiens. Marc 7 : 27.

Voilà le contexte dans lequel il demande aux disciples de n’aller que vers enfants d’Israël. Cependant, après la résurrection, il a déclaré ceci : allez, faites de toutes les nations mes disciples…
Voyez que si l’on avait pas relié les deux versets, on aurait eu du mal à dormir ! Car comment penser avec paix que le Fils de Dieu ne soit venu que pour les brebis perdues d’Israël ?

Il en est de même de ce passage où Jésus dit que nous devons donner gratuitement. Il suffit de le lier à d’autres passages pour être emmené à changer la compréhension rigide du texte.

Quels sont ces versets ? Citons en trois :

– Premier verset :Ne prenez ni or ni argent, ni monnaie dans vos ceintures, ni sac pour le voyage ni deux tuniques, ni sandales, ni bâton, car l’ouvrier mérite sa nourriture. Verset 10.

L’ouvrier mérite sa nourriture ! Son salaire ! Si Jésus a prononcé ces mots, nous devons donc donner une autre explication au verset qui dit vous avez reçu gratuitement donnez gratuitement. En effet, le Fils de Dieu ne peut pas se contredire. Mais essayons encore de sortir un texte de son contexte :
Ne prenez…ni sacs pour le voyage ni deux tuniques ni sandales…
Jésus-Christ l’a dit, n’est-ce pas ? Alors que celui qui, pour aller prêcher l’Évangile, voyage donc sans bagage afin d’obéir à Christ lève son doigt ! Il sortirait ce verset de son contexte s’il agissait ainsi, et nous seront tous d’accord.

Revenons à l’essentiel. Pourquoi Jésus-Christ demande aux disciples de ne rien prendre en allant évangéliser ?
La réponse est toute simple, et il la donne lui-même : parce que l’ouvrier qui s’en va évangéliser, guérir les malades, ressusciter les morts mérite sa nourriture. Ce n’est pas la peine qu’il prépare ses valises, de quoi se vêtir, parce que c’est un soldat et un soldat est équipé, vêtu et nourrit par l’armée dans laquelle il sert. Voilà le message ! C’est pourquoi Paul qui comprend cette parole de Jésus de la même façon dit que le Seigneur a établit comme règle que celui qui annonce l’Évangile vivent de l’Évangile. Paul ne l’a pas inventé. Il l’a tiré de ce passage que l’on retrouve dans Matthieu 10.

Cependant une autre question majeure demeure sans réponse : pourquoi demander aux disciples de donnez gratuitement ?
Celui qui reçoit de Dieu le don des miracles, des guérisons, et autres puissance le reçoit gratuitement. Et cela est une vérité certaine. Aucun prophète, apôtre ou pasteur ne peut faire du commerce avec le don que Dieu lui a donné. Pas de vente de flacon d’huile bénite, de prix pour une prière fervente du prophète, ou de révélation tarifée. Pourquoi en effet exigerait-il de l’argent de ce qu’il reçoit gratuitement de Dieu ? C’est triste de voir que certains serviteurs de Dieu profitent des dons spirituels que Dieu leur a donné pour s’enrichir. Pourtant cela ne veut pas dire qu’un prophète n’a pas du tout le droit d’être honoré, car ce serait passer d’un extrême à un autre. En effet, c’est aussi un ouvrier de la moisson, et en tant que tel il mérite sa nourriture. Le tout est de savoir comment.

Comment donc perçoit le prophète ?

L’ouvrier de l’Évangile qui a reçu gratuitement des dons spirituels ne peut pas établir des tarifs ou des conditions financières préalables du genre : « si tu veux que je prie pour ta délivrance, c’est deux cent dollars ; mon déplacement pour ta guérison c’est trois cent ». Ceci est un commerce honteux, une abomination. Ce n’est pas de cette façon là que Jésus-Christ a établi le droit de vivre de l’Évangile. Il ne doit pas non plus s’appuyer sur les lois concernant la dîme, car elles ne sauvent pas. Bien sûr le Saint-Esprit peut vouloir tester la personne qui sollicite l’aide de Dieu pour voir quel est son degré d’attachement à l’argent, mais il ne peut pas procéder tout le temps de la même façon chaque fois que le même homme de Dieu intervient. Cela devient un système de mafia religieuse pour un enrichissement coupable.
Le prophète Élie a été nourrit par la veuve de Sarepta sur ordre de l’Éternel, et non à la demande d’Élie lui-même : Lève-toi, va à Sarepta qui appartient à Sidon, reste y. Voici que j’y ai ordonné à une veuve de te nourrir. 1 Rois 17 : 9.

Élie était-il donc devenu un prophète voleur, et Dieu son complice ?
Ces ordres, Dieu nous les donne en mettant dans notre cœur une conviction de donner à un homme de Dieu, parce qu’il est, à un moment donné, digne de recevoir un salaire. Comprenez-vous ?

Il peut venir à l’idée de penser que le refus du prophète Élisée de percevoir l’argent et les cadeaux de Naaman guérit de sa lèpre signifie que l’on a pas du tout le droit de percevoir quoique soit, même si on a rien demandé soi-même. Est-ce vrai ?
Il faut comprendre qui était Naaman. C’était un idolâtre qui s’inclinaient devant le dieu Rimmon, un général de l’armée qui avait vaincu puis soumis Israël. Il avait donc du sang des enfants d’Israël sur les mains. Or que dit la loi de l’Éternel au sujet des dons ?

Lisons Deutéronome 24 : 19 (verset 18 pour d’autres versions ) :Tu n’apporteras pas dans la maison de l’Éternel, ton Dieu, le cadeau d’une prostituée ni le salaire d’un chien, pour l’accomplissement d’un vœu quelconque ; car l’une et l’autre sont en horreur à l’Éternel, ton Dieu.
Cette interdiction facilite-t-elle un serviteur de Dieu de prendre des cadeaux de la main d’un idolâtre comme Naaman ? La réponse est non.
Cependant, le reste du temps, comment vivaient les prophètes bibliques ? Comment vivait Élisée ? Travaillait-il ? Non. Mangeait-il de la manne qui tombait du ciel ? Non. Il se faisait entretenir, mais de façon mesurée. Juste ce qui était nécessaire. Pas d’excès.
La prophétesse Déborah qui passait la journée au pied de l’arbre avait-elle le temps d’aller travailler ? Samuel, Ézéchiel ou Élie travaillaient-ils ? Les prophètes étaient nourris par les dons du peuple, n’est-ce pas ?

Le pasteur ne peut pas établir un droit d’entrée pour un enseignement ou un séminaire. C’est une conviction personnelle que je ne tire pas directement d’un verset clair, puisque les hommes de Dieu de la Bible ne le faisant pas, nous n’avons point d’exemple. Il ne peut donc qu’espérer que les frères et sœurs mettent d’eux-mêmes la main à la poche et lui donnent quelque chose. Ainsi, il enseigne gratuitement, mais il est quand même en droit de mériter sa nourriture. Il y a une différence !

– Deuxième verset : Que celui à qui l’on enseigne la parole fasse part de tous ses biens à celui qui l’enseigne. Galates : 6 : 6.

C’est l’apôtre Paul qui parle; et il paraît qu’il s’oppose à la rémunération des hommes de Dieu !
Que la porté de ce message soit exagérée ou compris dans sa juste mesure, il y demeure une certitude : il n’est pas possible de dire que l’Esprit même de la Bible s’oppose à ce que le pasteur tire, sans l’exiger, un certain profit des biens de ses frères et sœurs à qui il enseigne l’Évangile. Son péché vient uniquement de deux situations : quand il exige un salaire, ou quand il dépouille les enfants de Dieu.
Ce n’est pas parce qu’il y a des voleurs qu’il faut annuler le droit des autres. Une parole biblique ne disparait pas de l’Eglise parce que certains l’interprètent mal ou en abusent.

– Troisième verset : Que les anciens qui président bien soient jugés dignes d’un double honneur, surtout ceux qui prennent la peine à la prédication et à l’enseignement. Car l’écriture dit : Tu n’emmuselleras pas le bœuf qui foule grain, et : l’ouvrier mérite son salaire. 1 Timothée 5: 17-18.

N’est-ce pas encore Paul, celui que l’on cite en exemple pour refuser tout droit aux pasteurs, qui vient encore une fois de plus confirmer que l’enseignant mérite un double honneur ? Cet honneur, n’est-ce pas le salaire que l’ouvrier mérite ?

Ici l’expression double honneur est expliquée par le bibliciste Thompson comme une « double rémunération », des « honoraires doubles ». Comment après cela pouvons-nous encore affirmer bec et ongle que serviteur de l’Évangile est un voleur chaque fois qu’il reçoit un « salaire », même quand il est très juste par rapport aux entrées de l’assemblée où il officie ?

Que celui qui refuse que l’ouvrier de la moisson aie son salaire, que celui qui prêche que l’on doit emmuseler le bœuf qui foule le grain, qui dit que celui à qui on enseigne ne doit rien donner à l’enseignant ; que celui qui dit que le prédicateur ne mérite pas un double honneur fasse comme son cœur le pense. Mais qu’il ne croit pas servir l’Évangile, qu’il ne croit pas être en accord avec la parole de Dieu, car telle n’est pas la vérité.

Nous pouvons évidemment en dire encore d’avantage au sujet du pasteur et de la « nourriture » qu’il mérite de la part de l’Église. Mais si ce que nous venons d’étudier ne convainc pas les sceptiques, nous n’avons pas à sombrer dans la polémique. Celui qui accepte un salaire le fait pour la gloire de l’Évangile, et celui qui le refuse en fait de même. Dieu ne condamnera que les voleurs et les escrocs. Malheureusement, il y en a beaucoup.

Que l’Éternel Dieu nous enseigne d’avantage.

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